
Sud-Kivu : “Nous sommes prêts à retourner au Rwanda si les autorités acceptent que nous ne soyons pas vaccinés contre la Covid-19” (Interview)
Plus d’une centaine des sujets rwandais ont traversé la frontière congolaise dans la province du Sud-Kivu et ont pris la direction du territoire d’Idjwi, expliquant fuir leur pays où selon eux la vaccination contre le Coronavirus est “forcée”.
L’afflux important de ces réfugiés “sanitaires” a engendré un début de panique dans le chef de la population locale, qui ne comprend pas les motivations derrière ce déplacement.
Pour répondre à certains questionnements, le journaliste et directeur de la Radio Ejulino d’Idjwi Yves MINANI s’est rendu dans le village de Lemera, où plus de soixante-dix réfugiés ont été recensés par le chef local.
Sur place, il a eu un entretien exclusif avec un réfugié qui s’est présenté comme un ancien inspecteur de l’éducation au Rwanda et qui a également décidé de quitter son pays car ne voulant pas être vacciné contre la pandémie du coronavirus.
Journaliste : Bonjour Monsieur. Quel est votre nom, d’où venez-vous au Rwanda ? Et pour quelle raison êtes-vous ici à Idjwi ?
Réfugié Rwandais : Je m’appelle Terence M. Je suis ici à Idjwi en tant que réfugié. Je suis venu du district de Karongi, de la préfecture de l’Ouest du Rwanda. Nous ne sommes pas venus ici pour visiter. Par contre, nous sommes ici en tant que réfugiés. Nous avons décidé de venir ici parce que chez nous, jusqu’aujourd’hui, les gens sont vaccinés contre la Covid-19. Mais les vaccinations sont forcées, alors après avoir vu cela, nous avons décidé de fuir le pays. Nous aimons beaucoup notre pays, mais nous avons décidé de fuir à cause de cette vaccination.
Journaliste : Mais presque dans tous les pays il y a des vaccins. Pouvons-nous savoir pourquoi vous ne voulez pas de ces vaccins ? Quel est, selon vous, ses inconvénients ?
Réfugié Rwandais : Normalement, nous n’avons pas peur des vaccins, comme de tous les autres vaccins d’ailleurs. Mais avec le vaccin contre la Covid-19, il y a des conséquences. Mais également le fait qu’il y ait aussi un papier qu’on remplit avant de se faire vacciner où il est dit qu’on accepte volontairement d’être vacciné et toutes les conséquences qui apparaîtront dans le futur. Selon cet article, donc les conséquences qui apparaîtront par la suite seront à notre charge. Et aussi, ceux qui ont été vaccinés montrent ces conséquences. En considérant aussi la force qui est utilisée ce n’est pas normal surtout dans le contexte d’une vaccination. C’est très exagérée et c’est catastrophique.
Journaliste : Avez-vous informé les autorités rwandaises que vous n’avez pas besoin de ces vaccins ? Et avez-vous quitté le Rwanda illégalement ou êtes-vous passé par les services d’immigration ?
Réfugié Rwandais : Oui, je pense que tout le monde au Rwanda connaît la situation car les gens ont déjà fui vers Haïti et dans différentes parties du pays. Vous avez entendu dire qu’il y a des gens qui ont fui au Burundi, ici au Congo, à Goma et à Bukavu, en Tanzanie. Et même ici à Idjwi. Donc si 1, 2, ou 3 personnes décident de fuir leur pays, c’est que la situation n’est pas normale.
Journaliste : A côté de vous, je vois des Bibles, mais certaines personnes disent que vous êtes membre d’une religion ou d’une secte. Est-ce que c’est vrai ?
Réfugié Rwandais : Oui. La plupart des gens qui fuient cette vaccination établissement une relation entre la religion et la santé. Les gens essaient aussi de lire la Bible. Avant d’aller au signe de la bête, dans la Bible, il est écrit qu’il y aura quelque chose qui permettra à quelqu’un d’aller au marché, d’aller acheter quelque chose, de revendre quelque chose, d’aller partout. C’est donc ce qui se passe au Rwanda. Si vous n’avez pas une carte qui montre que vous êtes vacciné, vous n’avez pas le droit de faire quoi que ce soit. Vous ne pouvez pas aller au marché ou vous ne pouvez pas aller en voiture. Vous ne pouvez pas aller en vélo, en moto ou autre. Vous ne pouvez pas aller à l’église. Vous ne pouvez pas aller là où vous pouvez rencontrer beaucoup de gens parce que vous n’êtes pas vacciné. Donc, si vous n’êtes pas vacciné, si vous n’avez pas cette carte, vous n’avez aucun droit. La Bible dit aussi qu’il y aura quelque chose. Donc, compte tenu de la force utilisée pour obliger quelqu’un à se faire vacciner, nous avons essayé d’établir un lien entre ces deux choses.
Journaliste : Et trouvez-vous ce vaccin satanique ?
Réfugié Rwandais : Je ne peux pas dire que c’est satanique. Cela dépend de chacun puisque la plupart des gens ont accepté de se faire vacciner, je ne peux pas juger qui que ce soit. C’est lui qui a accepté de se faire vacciner, c’est son choix. Mais nous, après avoir vu certaines conséquences que les gens rencontrent, et aussi en lisant la Bible aussi, nous avons décidé de ne pas prendre cette vaccination.
Journaliste : De quelle religion êtes-vous ?
Réfugié Rwandais : Nous sommes de différentes religions. Il y a des catholiques ici, il y a des adventistes, des protestants…ce sont des églises qui sont très différentes. On ne peut pas dire que c’est une seule religion.
Journaliste : Et ceux qui sont restés au Rwanda sont-ils à l’aise ? Ou y a-t-il encore des Rwandais qui voudraient quitter le Rwanda pour venir au Congo ou qui ont ce projet de venir ?
Réfugié Rwandais : Selon les on-dits, il y a beaucoup de gens qui veulent quitter le Rwanda à cause de cette vaccination. Il y a ceux qui sont même encore dans la brousse, qui ne peuvent pas entrer dans leurs maisons parce qu’ils viennent toujours voir s’ils sont là pour les prendre et les amener à se faire vacciner. Alors ils décident de rester dans la brousse, de se cacher dans la forêt. Quand on entend tout ça, on se demande si c’est vraiment un problème de santé ou s’il y a quelque chose derrière.
Journaliste : Et si par hasard, au Congo, la vaccination devenait aussi forcée. Que ferez-vous ?
Réfugié Rwandais : Si au Congo, on oblige les gens à se faire vacciner, le Congo est plus grand que le Rwanda. Nous pouvons aller ailleurs, même dans la forêt. Partout où nous pouvons trouver la paix, où nous pouvons avoir une situation où nous ne pouvons pas être vaccinés. Bien sûr, nous pouvons aller là-bas. Mais si nous ne trouvons pas de refuge, ils peuvent nous y forcer. Donc on peut être vacciné. Mais de toute façon, ce n’est pas notre volonté de nous faire vacciner puisque nous ne voyons pas pourquoi nous nous faisons vacciner. Je peux vous donner un exemple, même si je suis vacciné, je peux être contaminé. Si vous n’êtes pas vaccinés aussi, vous pouvez être contaminés. Pourquoi me vacciner si je peux être contaminé comme vous, qui n’êtes pas vacciné.
Journaliste : Quel message envoyez-vous aux autorités rwandaises, votre pays et quel message pouvez-vous envoyer aux autorités congolaises ? votre pays d’accueil en ce moment
Réfugié Rwandais : Notre pays et les autorités de notre pays, nous les aimons beaucoup. Le Rwanda est devenu un pays très célèbre dans le monde. Le message que je donne est qu’elles trouvent, si possible, un moyen de comprendre les personnes qui ne veulent pas se faire vacciner. Il faut les comprendre patiemment et voir s’il n’y a pas d’autre moyen. On peut même les mettre ensemble, en quarantaine, les isoler, et voir s’ils peuvent être contaminés. Et les autorités pourront prendre le temps de comprendre pourquoi ils ne veulent vraiment pas être vaccinés. Après avoir compris pourquoi, elles peuvent prendre la décision, mais sans utiliser la force.
Journaliste : Aux autorités congolaises ?
Réfugié Rwandais : Nous avons décidé de fuir au Congo car nous pensons que nous aurons la sécurité ici. Donc nous demandons aux autorités du Congo, de nous permettre d’être ici en attendant que la situation au Rwanda soit calme, si c’est possible.
Journaliste : Vous êtes prêts à rentrer. Donc si la situation est calme, si vous êtes acceptés, vous êtes prêts à rentrer, même aujourd’hui au Rwanda?
Réfugié Rwandais : En tout cas, nous sommes prêts à retourner au Rwanda, même aujourd’hui, si le Rwanda accepte que nous ne soyons pas vaccinés.
Il sied de noter qu’interrogé au sujet de la vaccination contre la Covid-19 qui serait “forcée” au Rwanda selon les réfugiés, l’ambassadeur Vincent Karega a balayé toutes ces allégations. D’après le diplomate Rwandais, “le vaccin n’est pas forcé” dans son pays et que ce petit incident, qui est naturel, “peut-être régler facilement”.
Par Yves Minani, radio Ejulino Idjwi et Congorassure.cd
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