
La tenue du grand concert « Solidarité Congo », prévu le 07 avril 2025 à l’Accor Arena de Paris, suscite une vive opposition de la part de la Communauté Rwandaise de France (CRF). Dans une correspondance adressée à la maire de Paris, cette organisation demande l’annulation ou le report de l’événement, invoquant sa proximité avec la commémoration du génocide Rwandais, prévue la veille, le 06 avril.
Selon la CRF, la date choisie pour cet événement musical et humanitaire crée un malaise, alors que la communauté Tutsie en France s’apprête à commémorer les victimes du génocide de 1994, qui a fait plus de 800 000 morts. Les signataires de la lettre estiment que le concert pourrait être perçu comme une insensibilité à cette mémoire.
Le point de crispation principal demeure la participation de Maître Gims, un artiste Congolais d’origine Rwandaise, accusé par certains membres de la CRF d’avoir tenu par le passé des propos jugés hostiles aux Tutsis. Christophe Renzaho, un représentant de la communauté Rwandaise, affirme que sa présence « entachera l’événement », ajoutant que le rappeur aurait proféré des paroles incitant à la haine.
Malgré ces contestations, le concert « Solidarité Congo » entend se maintenir comme un événement caritatif majeur au profit des enfants victimes de la guerre qui ravage la partie Est de la République démocratique du Congo. Tous les fonds récoltés seront reversés à l’UNICEF pour financer l’aide humanitaire en faveur des enfants touchés par les violences.
Parmi les artistes annoncés figurent des figures emblématiques de la scène musicale africaine et francophone : Maître Gims, Youssoupha, Ninho, Damso, Josman, Kalash Criminel, Guy2bezbar et Angélique Kidjo.
Cette polémique s’inscrit dans un climat diplomatique particulièrement tendu entre la RDC et le Rwanda. Kinshasa accuse Kigali de soutenir le groupe rebelle M23, responsable de violences dans l’Est du pays, tandis que l’armée Rwandaise est pointée du doigt pour son rôle dans les cycles de guerres qui ont fait des millions de morts en RDC.
La controverse autour du concert révèle une fois de plus la difficulté d’aborder la mémoire des conflits dans la région des Grands-Lacs, où les blessures du passé restent ouvertes. La mairie de Paris et les organisateurs du concert répondront-ils aux demandes de report, ou maintiendront-ils l’événement en dépit des contestations ?
Diddy MASTAKI