
Les conditions de vie se dégradent graduellement dans la ville de Goma. À la base, outre la guerre qui fait rage dans une partie du Nord-Kivu, notamment dans les territoires de Rutshuru et Masisi, avec l’avancée de l’ennemi vers le fief de la province.
Depuis juin 2022, avec la chute de la cité frontalière de Bunagana, une frontière importante dans l'économie de la province, la ville touristique a entamé un long parcours de déclin économique. Cela est devenu encore plus difficile avec l'occupation de Kiwandja et Rutshuru par cette rébellion en novembre 2022. Ces deux entités sont non seulement un réservoir de produits agricoles pour la ville de Goma, mais elles sont également situées sur la route nationale qui relie la partie sud de la province à la partie nord et la relie aux provinces sœurs d'Ituri et de Tshopo.
Cependant, la situation est devenue beaucoup plus alarmante depuis qu'une partie du territoire de Masisi est tombée sous l'emprise de la rébellion du M23 vers la fin du mois de janvier. La poursuite des combats au cours de ce mois de février 2023, engendre également des effets négatifs sur la vie socio-économique de Goma. Cette situation a en effet entraîné la fermeture brutale de la seule route secondaire que les voyageurs et les exploitants agricoles commençaient à emprunter pour approvisionner la ville de Goma en produits alimentaires et manufacturés.
En plus d'un taux de change galopant, le manque de plusieurs produits sur le marché de consommation est flagrante. Cela plonge cette ville d'environ deux millions d'habitants sans compter les masses de déplacés dans un gouffre socio-économique. Manifestement une menace de survie pour de nombreux ménages de la ville. En effet, les prix de presque tous les produits ont augmenté face à une productivité quasi nulle.
Face à cet état des choses, les habitants demandent la réouverture urgente de la route Goma-Rutshuru, une requête qui n’a obtenu jusque là aucun retour favorable.
"Nous ne savons pas si les autorités attendent que nous puissions commencer à enterrer des personnes mortes de de faim pour qu'elles pensent à mettre en place un couloir humanitaire pour sauver des vies. À ce stade, nous, à Goma, ne sommes pas différents des personnes déplacées qui se trouvent dans les camps de Kanyaruchinya et d'ailleurs", a déclaré un habitant de Goma.
Certains d'entre eux vont plus loin et demandent au gouvernement de lancer des opérations de grande envergure pour déloger les rebelles dans leur dernier bastion afin de voir la reprise de la circulation des marchandises dans la province.
Depuis la réactivation du M23, presque toutes les marchandises ont vu leurs prix doubler voire tripler face à une économie vacillante tant à Goma que dans les autres villes du pays qui dépendent de la ville de Goma, comme Bukavu au Sud-Kivu et certaines agglomérations du Maniema.
Diddy MASTAKI, Goma