Il y a péril en demeure. Et c’est moins de le dire. La situation au Nord-Kivu vire au rouge et graduellement, le contrôle des plusieurs agglomérations glisse des mains de Kinshasa. Le Nord-Kivu, est quasi amputé d’une grande portion de sa partie Sud. Pas moins de 20 entités administratives, malheureusement y compris celles qui sont situées aux frontières, ne sont plus contrôlées par l’Etat. Nul ne sait ce qui sort ou entre par là et pire, nul ne maîtrise ceux qui sortent ou entrent par ces frontières.
"Celui qui n'est pas avec nous est contre nous". Ce dicton, qui peut sembler ringard à première vue, prend pourtant tout son sens à la lumière de la situation sécuritaire qui prévaut dans l'est de la RDC. La force régionale prétendument amenée en renfort pour combattre les rebelles, y compris ceux du M23, se contente, à la vue de tous, d'observer et de savourer les joies du Kivu. Pendant ce temps, le décompte de morts innocents, de blessés et de déplacés ne cesse de croître. Cette force ne cache plus son jeu et se cache plutôt derrière l'excuse que la guerre n'a jamais vraiment apporté la paix. Les Kenyans qui sont sur place et qui disent privilégier la diplomatie aux opérations militaires n'avaient pourtant pas le même vocabulaire, plutôt douteux, lorsqu'ils étaient en Somalie.
Alors que l'ennemi avance dangereusement vers le fief provincial, la ville de Goma, l'opinion s'interroge sur les raisons de la volte-face de ces "nouveaux" amis. Ne sont-ils pas venus combattre ? ont d’ailleurs lancé il y a peu certaines organisations de la société civile et les mouvements citoyens, lors d’une marche de protestation organisée dans la ville volcanique. Leur mission devient de plus en plus floue, et l'animosité contre les membres de cette force régionale grandit chaque jour sur le terrain. Les FARDC se battent seules, subissent des revers, tombent et tentent de se relever, sous l'œil observateur et presque distrait de la force régionale de l'EAC. Cette dernière semble n'avoir qu'un seul objectif pour le moment, s'occuper des zones tombées sous le contrôle du M23, zones que la rébellion a été plus qu'heureuse de lui "laisser" le contrôle.
La force régionale de l'EAC semble de ce fait ne pas jouer franc jeu. Il est temps pour Kinshasa de mettre sur la place publique les clauses d'accord qui ont été signées entre les présidents de cette organisation régionale, dont le président de la République Démocratique du Congo. Cela permettra à toute la population congolaise, à qui le président Tshisekedi et le gouvernement doivent rendre des comptes, d’avoir un aperçu sur ce qu’elle doit attendre de cette force. Et s’il s’avère que les clauses de ce contrat ne vont pas dans l’intérêt du pays, les députés et sénateurs doivent jouer leur rôle en obligeant cette force à quitter le territoire congolais, surtout si elle ne semble pas être disposée à se battre aux côtés des FARDC. Car aucun des pays d’où viennent ces troupes n’accepterait que ses intérêts soient piétinés par une quelconque force, régionale ou pas.
Aussi, l'attitude de la force régionale de l'EAC amène à s'interroger sur les véritables soutiens de la RDC dans cette guerre que lui impose son voisin belliqueux, le Rwanda. Une analyse approfondie devrait permettre aux dirigeants de la RDC de comprendre que les Congolais sont seuls sur ce front et que leur salut ne viendra que d'eux-mêmes. Par ailleurs, il est temps de réfléchir à de nouvelles alliances, ou de recourir aux anciennes, qui ont porté leurs fruits, notamment la SADC. Il est clair que rien de bon ne sortira de l'EAC si l'arbre n'est pas secoué et si Kinshasa ne s'impose pas. Car après tout, c'est la survie de la RDC telle qu'on la connaît aujourd'hui qui est menacée. Aux parlementaires de jouer leur partition. Le peuple congolais mérite mieux que de longs discours et des déclarations de condamnation. Députés , sénateurs, il est temps d’agir et d’user de tout le pouvoir que la constitution vous confère.