
Les investigations judiciaires menées en France à l’encontre d’Agathe Habyarimana, veuve de l’ex-Président Rwandais Juvénal Habyarimana, ont été closes sans suite. Aucune mise en examen n’a été prononcée pour son rôle présumé dans le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda, qui fit près de 800 000 morts selon les Nations unies.
Selon le site « Le Monde », dans une ordonnance rendue vendredi 16 mai, la juge d’instruction du pôle crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris a estimé qu’il n’existait « pas d’indices graves et concordants » permettant de poursuivre Mme Habyarimana, âgée de 82 ans. Les témoignages recueillis au fil des années ont été jugés « contradictoires, incohérents, voire mensongers ».
Depuis 2016, Agathe Habyarimana était placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté. Le Parquet national antiterroriste (PNAT), qui avait demandé sa mise en examen pour entente en vue de commettre un génocide, a saisi la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. Une audience à huis clos est prévue mercredi 21 mai.
« Il est temps que le non-lieu qui s’impose soit prononcé », a déclaré son avocat Philippe Meilhac, saluant une décision « qui anéantit la démarche de l’accusation ».
Les magistrates relèvent qu’aucun discours de haine, ni appel public au génocide, ni implication dans la propagande diffusée par la Radio-télévision libre des Mille Collines ne peuvent être imputés à Mme Habyarimana. Elles rappellent également qu’elle ne figure sur aucune liste de responsables de massacres, ni n’a été identifiée comme ayant donné d’instructions le soir de l’attentat contre l’avion présidentiel.
Les juges concluent qu’Agathe Habyarimana « apparaît non comme autrice du génocide, mais bien comme victime de cet attentat terroriste » qui coûta la vie à son mari le 06 avril 1994, précipitant le déclenchement des tueries de masse par les milices hutu extrémistes.
Trois jours après l’attentat, elle avait été évacuée vers la France avec ses enfants à la demande du président François Mitterrand. Depuis, elle vit en exil dans l’Hexagone.
Malgré cette décision, la controverse demeure. Patrick Baudouin, avocat de la FIDH, a regretté « l’absence de mise en examen alors qu’existent des éléments à charge largement suffisants ».
L’affaire pourrait connaître un nouveau rebondissement après l’audience du 21 mai, mais la perspective d’un procès s’éloigne pour celle que ses détracteurs accusent d’avoir appartenu au cœur du pouvoir hutu radical de l’époque, l’« akazu ».
Diddy MASTAKI