
Au moins deux personnes sont mortes et plusieurs autres ont été blessées dans une altercation entre des habitants et des casques bleus de la MONUSCO, mardi soir, dans le territoire de Nyiragongo.
La soirée de ce mardi a été marquée par une forte tension en territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu), dans les groupements de Kibati et de Kanyaruchinya, après une vive altercation entre les casques bleus de la MONUSCO et les personnes déplacées basées le long de la route nationale 2.
Plusieurs personnes déplacées ont attaqué un convoi de la mission de l'ONU en RDC qui quittait Kiwanja à Rusthuru pour la ville de Goma. Selon les sources locales, la tension est née de la présence contestée de véhicules de la MONUSCO en provenance de Rutshuru, une zone contrôlée par la rébellion du M23. Manifestement très en colère, les personnes déplacées ont érigé une barrière au convoi de la mission onusienne, lui interdisant d'entrer dans la ville de Goma.
Ces mêmes sources rapportent que les casques bleus ont de ce fait décidé de tirer quelques coups de sommation pour se frayer un passage. Certaines personnes auraient été touchées durant cette manœuvre et en représailles, les habitants ont mis le feu aux véhicules de la MONUSCO. Alors que certaines sources locales parlent d'au moins deux morts et de plusieurs blessés, d'autres sources indiquent qu'au moins 3 véhicules de la MONUSCO a également été incendié par la population.
Des sources proches de la MONUSCO indiquent quant à elles que 24 casques bleus ont été blessés lors de l'altercation et quatre véhicules ont été incendiés. Tous les casques bleus blessés de la mission souffrent de blessures mineures.
Après cet incident, la situation sécuritaire dans les zones autour du territoire de Nyiragongo reste incertaine. Elle est caractérisée une fois de plus ce mardi soir par le crépitement sporadique de balles. Une psychose règne sur place et la population des quartiers environnants de la ville de Goma craignent que cela n’engendre une autre manifestation violente ce mercredi 8 février.
Cette situation intervient un peu plus de 24 heures après qu'une marche a été organisée dans la ville de Goma, fief de la province, pour dénoncer l'inaction de la MONUSCO et de la force régionale de l'EAC face aux revers subis sur les lignes de front par l'armée régulière qui combat la rébellion du M23, ainsi que l'avancée dangereuse vers la ville volcanique de ce mouvement déclaré terroriste par Kinshasa et qui bénéficie du soutien de Kigali.
Aussi, depuis le début de l'avancée des rebelles, un nombre non négligeable des Kivutiens reste convaincu que la force onusienne, présente en RDC depuis 2000, soit depuis plus de deux décennies, est de mèche avec les agresseurs de la RDC, ce qui crée une hostilité à l'encontre de cette dernière.
Cela a conduit à une augmentation des attaques ciblées contre la MONUSCO. Depuis l'arrivée des personnes déplacées à cet endroit, c'est le deuxième cas d'attaque ciblée contre leur convoi après un autre incendie sur un porte-char avec une niveleuse à bord. Ceci s'ajoute également à la manifestation anti-Monusco qui avait été organisée du 25 au 27 juillet 2022.
Diddy MASTAKI, Goma