
Par Poncia Nyembo
En ce jour où le monde se souvient du dernier souffle d’un homme, de la lutte d’un héros et de la vision d’un leader. Patrice Lumumba. Je voulais par l’intermédiaire de ce message rappeler la bataille du valeureux jeune de 35 ans.
Lumumba est dans l’histoire de l’Afrique l’une des désormais nombreuses victimes de l’espoir et de la bataille du changement. Lumumba nous appelait à lutter : “une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous a été imposé par la force”.
Mais qu’en est-il ?
Les peuples d’Afrique aiment le héros, mais méprisent sa lutte. Nous gardons les mémoires, mais occultons les enseignements. Par dessus tout, nous déléguons la sale besogne à certains, ceux qui sont « appelés » pour le faire.
C’est pourquoi beaucoup de lutte n’ont pas abouti.
Il n’existe pas de héros solitaire. Il n’existe que des peuples solidaires.
Nous semblons oublier que ce Lumumba que nous glorifions était avant tout un humain comme nous, qui avait une famille et qui tenait à sa vie. Avec le temps, Nous considérons ce sacrifice, comme un dû. Dans notre subconscient collectif, Lumumba devait mourir pour nous ! Mais pourquoi les choses doivent-elles être de la sorte ? Non. Lumumba est mort pour sa vision, par amour pour ce pays et donc pour nous. Comme vous et moi, il aurait préféré que ce soit autrement.
Lumumba est mort car nous peuple qui aimons les héros, méprisons leurs luttes. Des années que des peuples d’Afrique sacrifient leurs vies pour que nous gagnions notre dignité, mais qu’à chaque fois que l’occasion nous est donnée pour parachever leur combat, nous nous choisissons.
Lumumba a été tué par le peuple pour lequel il est mort. Comment comprendre cela ? 60 ans plus tard, Lumumba continue de mourir car non seulement ses concitoyens se voient coupables de trahison et de complicité de la chute de nos peuples, mais aussi … Car ceux qui comme Lumumba luttent, luttent et meurent seuls dans l’indifférence. On expose 2-3 courageux pour qu’ils portent notre fardeaux, on espère qu’ils réussissent à tous nous sauver par miracle, mais en attendant, on est prêt à vendre la nation pour sauver sa propre peau. Combien de jeunes que je connais ici sont prêts à tout pour être les prochains « mokonzi », les prochains tenanciers de nos institutions et de nos pays dans le but très peu voilé de s’enrichir à en être étouffés de richesse ? Combien ? Votre conscience parlera pour vous.
Nous crions à la colonisation, aux gouvernants, aux étrangers pilleurs, mais serions prêts à tout pour être à leur place. Comment pouvons-nous continuer à commémorer nos héros lorsque l’on a une telle morale? Lumumba avait des convictions et de l’amour. Tellement qu’il en est mort. Mais combien de fois des hommes et des femmes se lèvent pour cette Afrique et se retrouvent exposés; isolés car nous nous sentons trop précieux pour “donner notre vie pour rien » ? Regardez Bobi Wine, Martin Fayulu, Nathalie Yamb… Ces gens qui se mettent en danger pour nous … Mais avant de parler de sacrifice ultime, combien d’entre nous tournent le regard, corrompent leur moral quand la « situation commence à chauffer” ? Que va-t-il arriver à Bobi Wine ? Il se retrouvera isolé et seul au monde. S’il avait perdu la vie, ça aurait été un héros ?
Nous échouons parce que nous avons oublié le pouvoir du groupe et la force de la solidarité. Des convictions. Et l’importance de la réussite collective. Lumumba est mort et continue de mourir tous les jours car nous n’avons pas abandonné l’esprit des colonisés et des arrivistes. Paix à ton âme héros éternel, Patrice Emery Lumumba. Donne la force à notre jeunesse de parachever ton combat. S’il faut partir, comme toi, que l’on parte dans la dignité, sans corrompre notre serment.
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