La ville de Butembo située à plus de 300Km de Goma, dans la province du Nord-Kivu, connait un taux élevé des cas de suicide par pendaison.
Par Martin Leku, Butembo
Dans un entretien avec CONGORASSURE.CD, la psychologue clinicienne Marie-Rose Kalende explique la persistance de ce phénomène par « la dépression » caractérisée par le dégoût de vivre et la situation sécuritaire traumatisante.
Depuis le début de ce mois de juillet 2024, plusieurs cas de pendaison ont été signalés dans la ville commerciale de Butembo. Bulengera reste la commune où l’on dénombre plus des victimes parmi lesquelles deux enfants dont l’un était âgé de 9 et l’autre de 14 ans.
Marie-Rose Kalende, psychologue clinicienne au Centre de Protection des Indigents et Malades Mentaux (CEMIPA), explique que le suicide intervient plus souvent en cas de dépression qui se déclenche par le désespoir, le complexe d’infériorité et la faible estime de soi.
« En santé mentale, nous classons le suicide, l’homicide ou la tendance suicidaire parmi les signes les plus graves de la maladie mentale surtout quand on vit une dépression. Les gens qui vivent dans le désespoir ou qui ont des idées noires, le complexe d’infériorité, une estime de soi très faible arrivent à se suicider ou ont toujours une tendance suicidaire. Parce qu’ils se sentent négligés. Quand on vit une dépression, la finalité c’est le suicide », explique Marie-Rose Kalende.
A ces facteurs, la psychologue clinicienne ajoute la situation sécuritaire traumatisante dans laquelle vivent des milliers de personnes et les conditions difficiles de la vie. Elle conseille à tous les habitants d’être attentifs envers leurs proches. A ceux qui se trouvent dans la situation de dépression de se confier aux psychologues ou aux hommes de Dieu.
Un autre psychologue, Martial Vagheni est du même avis. Il épingle plusieurs facteurs dont la dépression, l'usage des substances, les psychoses chroniques ainsi que le stress psychosocial.
Butembo, ville commerciale dans l’Est de la République Démocratique du Congo fait aussi face à la justice populaire et à la pression exercée par l’avancée de la Rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23) et celle des terroristes d’Allied Democratic Forces (ADF). Ce qui affecte la santé mentale des habitants.