
Depuis la fin du mois de septembre, une nouvelle taxe sur les ponts et routes de la ville de Goma, au Nord-Kivu fait débat parmi les motocyclistes. Mise en place dans le cadre de l'État de Siège, cette mesure vise à financer le développement de la voirie urbaine. Cependant, les avis divergents au sein de la communauté des conducteurs de motocycles, reflétant les tensions socio-économiques et sécuritaires que traverse la province du Nord-Kivu.
Certains conducteurs de motos se disent favorables à cette taxe, qu'ils considèrent comme nécessaire pour le développement de la ville. L'un d'entre eux, rencontré dans une rue de Goma, s'est exprimé en ces termes :
« Moi, je suis pour le paiement de cette taxe parce que je vois vraiment les améliorations, même dans les coins reculés de la ville. Je travaille avec ma moto et je gagne environ 40 000 francs Congolais par jour. Payer 8 000 Francs pour une année, ce n’est pas trop demander. Nous devons tous payer si nous aimons notre province ».
D'autres motocyclistes, en revanche, s'opposent à cette imposition, la considérant comme une charge supplémentaire dans un contexte déjà difficile. Avec l'insécurité due à la réactivation de la rébellion du M23 et la dégradation des conditions socio-économiques, ils estiment que cette taxe va aggraver la situation des travailleurs et de leurs familles.
« Cette taxe est une nouvelle façon de nous plonger encore plus dans la misère. Par exemple, nos heures de travail sont déjà limitées, ce qui affecte notre capacité à subvenir aux besoins de nos familles. Quand on nous impose encore ce genre de taxes, cela pousse certaines personnes au désespoir. Beaucoup risquent de rejoindre des groupes armés par frustration », a confié un autre motocycliste.
Cette divergence d'opinions témoigne des défis que doivent surmonter les autorités locales pour concilier les développement urbain et soutien aux populations dans un climat de précarité. Alors que certains saluent les efforts visant à améliorer les infrastructures, d’autres soulignent que ces mesures fiscales risquent d'exacerber les tensions sociales dans une province déjà éprouvée par des conflits armés.
En dépit des promesses de certains leaders politiques d’alléger la pression fiscale sur les citoyens, la perception de cette taxe continue d'alimenter les débats à Goma, où de nombreux habitants craignent qu’elle ne fasse qu’empirer leur quotidien.
Diddy MASTAKI