
Un nouveau différend oppose les petits commerçants transfrontaliers de la République démocratique du Congo (RDC) et ceux du Rwanda. Au cœur de la controverse, une décision des autorités Rwandaises exigeant que les marchandises Congolaises traversent la frontière uniquement via des motos tricycles Rwandaises, bloquant ainsi les camions Congolais à la frontière.
Cette mesure perçue comme un déséquilibre dans les échanges commerciaux, a suscité une vive réaction de la part des petites commerçantes Congolaises, en particulier celles du Nord-Kivu. Ces dernières dénoncent une injustice et ont réagi en bloquant les marchandises Rwandaises dans les marchés de Goma, exigeant que leurs homologues Rwandais soient également soumis à des restrictions similaires jusqu’à la levée de cette décision.
Selon la présidente des petites commerçantes transfrontalières de Goma :
« Nous avons bloqué leurs marchandises parce qu’ils bloquent nos camions. Par exemple, un camion rempli de marchandises d’une valeur d’au moins 3 000 dollars est immobilisé à la frontière. Ces marchandises, principalement des tomates et des mangues, proviennent du Rwanda. Nous les avons saisies et acheminées vers les autorités urbaines de Goma pour protester. Nous refusons d’utiliser leurs motos tricycles, car cela nous cause des pertes énormes ».
Les commerçantes Congolaises dénoncent également le coût élevé et les inconvénients liés à l’utilisation des motos tricycles, qu’elles jugent inadaptées à leurs activités.
« Un camion Fuso peut remplir cinq tricycles. Nous faisons entrer au moins 25 camions par jour. Imaginez le nombre de tricycles nécessaires ! En plus, ces tricycles abîment nos marchandises, notamment les tomates, ce qui nous cause d’énormes pertes. Nous refusons de transporter nos produits ainsi. Ces tomates sont destinées aux Congolais, pas aux Rwandais », a déclaré une femme commerçante.
Ce conflit commercial intervient dans un contexte déjà difficile pour la province du Nord-Kivu, marquée par l’insécurité causée par la rébellion du M23, perçue comme un supplétif de l’armée Rwandaise. Les combats dans les territoires de Rutshuru et de Masisi ont entraîné la fermeture des principales routes agricoles, rendant le Rwanda quasiment incontournable pour le ravitaillement alimentaire de la province.
Face à cette situation, les commerçantes s’inquiètent pour l’avenir :
« Toutes les routes de ravitaillement sont fermées, et maintenant ils veulent nous fermer l’unique voie restante. Comment allons-nous survivre au Nord-Kivu ? »
Cette crise met en lumière les tensions persistantes entre la RDC et le Rwanda, où les relations diplomatiques restent tendues en raison des conflits armés et des différends commerciaux qui affectent directement les populations locales.
Diddy MASTAKI