
La justice populaire, phénomène où les citoyens se font eux-mêmes juges et bourreaux, est en hausse inquiétante à Goma. Cette tendance est en grande partie une réponse à l'escalade de l'insécurité et à la frustration croissante face à l'inefficacité du système judiciaire Congolais.
Le 21 juin 2024, une enquête de congorassure.cd a révélé que de nombreux Gomatraciens recourent à la justice populaire pour pallier ce qu'ils perçoivent comme une défaillance systémique de la justice.
« Notre justice Congolaise ne fait rien. On attrape les voleurs, mais une fois à la police, ils sont relâchés », a déclaré un jeune homme visiblement exaspéré. « C'est pourquoi, nous préférons brûler ou lapider le voleur une fois qu'on l'attrape. Après ça, il ne va plus voler. Peut-être que si la justice faisait son boulot comme il faut, on en finirait avec la justice populaire ».
Face à cette montée de la justice populaire, les leaders locaux, notamment les responsables des structures de jeunesse, appellent à un retour à l'ordre légal. Nzanzu Philémon, président de la jeunesse communale de Goma, a fermement condamné cette pratique.
« La justice populaire est interdite par la loi. Nous rappelons à la jeunesse de cesser cette pratique. Les jeunes n'ont pas le droit de juger. Ils doivent laisser ce travail à la police et à la justice », exhorte-t-il.
De son côté, Claude Rugo, président de la jeunesse communale de Karisimbi, a renforcé ce message en appelant les autorités à instaurer une justice plus efficace et équitable.
« Pour lutter contre la justice populaire et l'insécurité croissante, il faut que les autorités garantissent une justice équitable », a-t-il affirmé, attribuant l'essor de cette pratique à l'incompétence judiciaire actuelle.
Les témoignages des habitants et les appels des leaders de la jeunesse soulignent un besoin urgent de réformes judiciaires. Renforcer la confiance du public dans le système judiciaire est crucial pour décourager la justice populaire. Cela implique une action déterminée pour améliorer la réponse de la justice aux crimes et assurer que les délinquants soient effectivement punis selon la loi.
En attendant, la justice populaire reste un symptôme alarmant des défaillances structurelles à Goma, mettant en lumière les défis colossaux que doivent surmonter les autorités pour restaurer l'ordre et la sécurité dans la région.
Diddy MASTAKI