La société civile du territoire de Beni rappelle au Premier ministre que le phénomène ADF n’a que trop duré et qu’une solution doit être trouvée
Les forces vives du territoire de Beni ont attiré l’attention du Premier ministre congolais sur le caractère complexe et durable du phénomène ADF.
Le premier ministre Sama Lukonde à son arrivée dans la cité d’Oicha.
Un phénomène qui n’a que trop duré
La Coordination territoriale de la société civile de Beni, qui dit avoir été réconfortée par la visite de Sama Lukonde dans la cité d’Oicha, fief du territoire, considère que cette mission de travail marque « une avancée cruciale » pour une zone longtemps secouée par l’insécurité et souvent oubliée alors qu’elle est l’épicentre du phénomène terroriste ADF.
« C’est depuis 2010 que le Territoire de Beni a commencé son calvaire avec le phénomène d’enlèvement des personnes, on se souvient ici du Médecin Directeur de l’Hôpital Général de Référence d’Oicha, le Docteur Mukongoma, des trois prêtres de la paroisse catholique de Notre Dame des Pauvres de Mbau », a rappelé la structure citoyenne.
Par ailleurs, la société civile de Beni affirme que la situation s’est aggravée en 2014 lorsque les combattants ADF ont décidé de commencer à attaquer la population, tuant atrocement à coups de machettes, de haches ou de fusils.
Un ennemi qui étend de plus en plus son rayon d’action
Pour les Forces vives, avec l’arrivée de l’actuel chef de l’État et président de la République, Félix TSHISEKEDI, « une lueur d’espoir a été donnée à la population qui s’est mise à espérer la fin du phénomène ADF, jusque-là circonscrit au secteur Beni – Mbau et à une partie de la chefferie Watalinga ».
Curieusement, notent-elles, « les terroristes ont étendu leur rayon d’action dans la collectivité secteur RUWENZORI au Sud-Ouest, au Nord-Ouest des groupements BATANGI – MBAU et BAMBUBA – KISIKI et au-delà du groupement BANANDE – KAINAMA. Et comme si cela ne suffisait pas, ces sanguinaires ont aussi embrasé la chefferie de WALESE – VONKUTU, BANYARI – TSABI dans le Territoire d’IRUMU Voir MAKUMO et les villages environnants dans le Territoire de MAMBASA ».
Des conséquences désastreuses
La société civile déplore des morts atroces des civils et celles des soldats qui tombent sur le champ de bataille. Elle liste également les différents incendies des structures sanitaires, des véhicules et des biens ainsi que l’enlèvement des civils et les attaques des écoles.
Pour ce dernier cas, elle fait référence au cas le plus récent qui est l’assassinat des enseignants et l’enlèvement des écoliers et élèves le 1er juin 2021, à Mayi- Moya, un village situé à environ 12 km au nord d’Oicha.
« A cela s’ajoute une tragédie humanitaire comme jamais auparavant, avec plusieurs familles déplacées sans moyens de survie, des orphelins des massacres laissés pour compte, avec pour conséquence immédiate une délinquance juvénile exposée à diverses manipulations au risque d’être recrutée par des groupes armés, dont les ADF » déplore également l’organisation.
Les recommandations
Les Forces Vives affirment que l’état de siège instauré dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri présente quelques problèmes.
Elles énumèrent : « L’absence d’opérations simultanées sur l’ensemble de la zone menacée par l’ennemi ; la faiblesse des moyens (humains, financiers, matériels) alloués aux opérations militaires et aux responsables de l’état de siège, ce qui ne permet pas d’atteindre le résultat escompté selon la volonté du chef de l’État dont le programme est le vôtre ».
Les structures citoyennes du territoire de Beni pointent également du doigt le détournement des ressources envoyées par l’État par certains officiers, la mauvaise communication de l’armée sur les opérations avec extrapolation des résultats, ce qui entrave la perception du public, ainsi que d’autres obstacles au bon déroulement du dispositif sécuritaire.
« Le gouvernement de la République devrait allouer des ressources aux FARDC et aux responsables de l’État de siège afin qu’ils puissent mener correctement les opérations sur toutes les lignes de front », recommandent-elles.
Elles demandent au gouvernement d’assurer un suivi permanent des ressources allouées afin de s’assurer de leur bonne exécution ; de doter la coordination de la société civile et les médias opérationnels de la zone d’un moyen de sensibilisation à l’état de siège et à ses impacts ; et de prendre en charge les questions humanitaires, notamment le problème des déplacés, la santé, l’éducation, l’encadrement des jeunes.
Enfin, la société civile du Territoire de Beni se dit prête à « accompagner » toutes les initiatives de l’Etat congolais visant à ramener la paix dans cette partie du territoire national accablée par « les exactions des groupes armés, dont le plus redoutable reste les ADF ».