
Nord-Kivu : Trois députés provinciaux répondent à l’armée, «Incapables d’anéantir les ADF, Ayez honte de menacer les victimes » lâche l’un d’eux
Alors que les deux chambres du parlement congolais s’emploient à proroger l’état de siège pour la sixième fois consécutive, un conflit à peine voilé s’enlise entre certains élus provinciaux du Nord-Kivu et les animateurs issus de l’armée régulière, désignés par le président de la République pour diriger les zones où le dispositif sécuritaire a été mis en place.
Dans une communication du lundi 16 août, le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, a laissé entendre que la plupart des députés provinciaux de cette province sont opposés à l’état de siège car ils soutiennent les groupes armés qui tuent, kidnappent, violent et détruisent l’écosystème de la région.
L’officier militaire a également mis en garde les élus qui s’activent contre l’état de siège, confirmant que dorénavant l’armée va commencer à emprisonner les députés qui tenteront de déstabiliser ou de saboter les actions menées par les FARDC dans le cadre de ce dispositif.
En réaction à cela, le député provincial Jean-Paul Ngahangondi, élu du territoire de Beni, clairement très remonté après cette énième sortie n’y va pas par quatre chemins. Il estime que l’armée devrait se focaliser sur ce qui est plus important, l’anéantissement des combattants de l’ADF, ce qu’elle n’a pas réussi à faire après tout ce temps. « Lorsque vous êtes incapables de réduire en silence les kalachnikov des ADF qui déciment les vies humaines dans la région de Beni, ayez honte de vous verser dans les intimidations et menaces des victimes » , lâche-t-il, irrité par les explications avancées par l’armée.
Le député et questeur de l’assemblée provinciale du Nord-Kivu estime à son tour que le Général Ekenge Sylvain, qu’il qualifie de « metteur en scène », devrait être relevé de ses fonctions pour incompétence, indiscipline, violation de l’éthique militaire et de la déontologie de la presse.
« Qu’il continue à fabriquer ces calomnies, son alibi puéril contre les députés provinciaux qui sont les vrais représentants du peuple. Il doit savoir que nous vivons des tueries quotidiennes à Beni et Irumu et nous dénonçons à haute voix ce génocide » a déclaré cet autre élu du territoire de Beni, rappelant que les disparus Bauma et Mamadou avaient gagné la confiance du peuple par le résultat et non par la calomnie pour chercher à se justifier.
Pour le questeur de l’organe délibérant du Nord-Kivu, il s’agit principalement des résultats enregistrés jusqu’ici sur le terrain : « Nous parlons du bilan de notre armée pendant l’état de siège. Je crois que nous avons besoin d’un porte-parole de l’armée qui soit mature, sage et professionnel à Beni et Irumu où le sang coule chaque jour».
Jean-Paul Lumbulumbu, vice-président de l’assemblée provinciale, revient également à la charge après avoir appelé à la suppression de l’état de siège la semaine dernière. Selon lui, un élu dont les électeurs continuent d’être victimes des massacres ne doit pas pleurer les siens, ni se laisser intimider : « On n’intimide pas un peuple, on le sert. Le soutien de ses élus est une condition pour gagner une guerre, alors arrêtez les intimidations » dit-il aux animateurs de l’état de siège.
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