
Le président de la République Félix Tshisekedi a abordé mercredi lors d'une rencontre avec des représentants de la Dynamique des Leaders Politiques et Communautaires de la Grande Orientale, la mesure exceptionnelle de l’état de siège actuellement en vigueur dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.
Le Chef de l'Etat a affirmé que cette mesure n'était pas son invention. Selon ses propos, l'idée aurait plutôt émané des notables de la province de l'Ituri, une des régions les plus touchées par les violences et les conflits armés.
« L'état de siège n'est pas mon invention…Je suis allé voir mes frères de l´Ituri pour que nous trouvions une solution aux problèmes qu’ils rencontraient, et ils m'ont donné cette idée. Ils parlaient d'ailleurs de l'état d'urgence. Et quand j'ai parlé avec les juristes de mon cabinet, ils m'ont dit que l'état de siège était mieux que l'état d'urgence. Puisque vous dites que vous n'en voulez plus, nous allons procéder de la même manière que lorsque vous me l'avez demandé. Il était prévu que nous rencontrions les députés, la société civile et d'autres couches de la population, mais malheureusement la guerre a tout bouleversé. Comme l'état de siège est une question militaire et qu'il y a maintenant de l'insécurité, nous avons décidé de poursuivre cette mesure. Mais il est vrai qu'en Ituri, ce n'est pas le même type de violence qu'au Nord-Kivu, où c'est un pays voisin qui nous agresse», a dans la foulée expliqué le président Tshisekedi à ses interlocuteurs.
Cependant, cette déclaration suscite de vives critiques de la part de l'opinion publique d’autant plus que le gouvernement continue de pousser pour la prorogation de l’état de siège alors que nombreux Congolais, notamment ceux des provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu, appellent depuis près d'un an à la levée de cette mesure, qu'ils considèrent comme inefficace sur le terrain.
Pour le mouvement citoyen de Lutte pour le Changement, remettre continuellement la responsabilité de ses propres déboires n’est pas digne d’un Chef. « Félix Tshisekedi devrait assumer l’échec de l’état de siège et lever sans atermoiements cette mesure impopulaire et inefficace », estime la Lucha.
Il est à noter que la rencontre entre le président Félix Tshisekedi et les représentants de la Grande Orientale s’est articulée autour de plusieurs problèmes liés au développement de cette région, notamment la sécurité et les infrastructures. L'état de siège a été par conséquent évoqué, ainsi que ses limites dans la pacification de la province de l'Ituri et du Nord-Kivu voisin.
Pour rappel, l’état de siège a été décrété dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu en mai 2021, afin de lutter contre les groupes armés qui sèment le chaos et la violence dans cette région de l'est du pays. Cette mesure exceptionnelle donne plus de pouvoir aux autorités militaires et réduit les libertés individuelles de la population. Cependant, malgré cette décision, la situation sécuritaire n'a pas connu d'amélioration significative. Face à cette situation, les sociétés civiles de l’Ituri et de Beni ont appelé tour à tour le gouvernement et les autorités compétentes à prendre d’autres mesures adéquates pour garantir la sécurité de la population et à mettre en place des stratégies plus efficaces pour mettre fin à l’insécurité.
Selon plusieurs baromètres sécuritaires, la situation sécuritaire s'est détériorée en cette période de l'état de siège plus que ce qu'elle l'a été avant la prise de cette mesure par le Chef de l'État.
L'activisme des terroristes de l'ADF et du M23 s'est accentué avec quelques poches d'insécurité dans les territoires de Beni, Rutshuru, Nyiragongo et Masisi au Nord-Kivu et en Ituri sous État de siège alors que le Chef de l'État Félix Tshisekedi avait annoncé que cette mesure exceptionnelle était décrétée pour rétablir la paix et l'autorité de l'Etat dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
CongoRassure