
Une simple publication sur les réseaux sociaux, accompagnée d’une photo d’un vaste lac aux eaux noires et d’une courte légende « Black Water », a suffi à enflammer les débats politiques sur le continent. L’image publiée par le ministre Congolais de l'intérieur et sécurité, devenue virale, a rapidement été interprétée comme une allusion au recours de la République Démocratique du Congo (RDC) à des sociétés militaires privées pour contrer l’avancée des rebelles du M23.
La réaction de Kigali n’a pas tardé. Le ministre Rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhingirehe, a vivement dénoncé ce qu’il considère comme une « violation flagrante du droit international ».
« Seule en RDC peut-on voir un vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur se vanter, de manière détournée, du déploiement de mercenaires sur son propre sol, ce qui va à l’encontre du droit international, notamment la convention de l’OUA/UA de 1977 et la Convention des Nations-Unies de 1989 », a-t-il déclaré.
Selon lui, l’échec humiliant des mercenaires Roumains à Goma, fin janvier 2025, aurait poussé Kinshasa à recruter cette fois des combattants colombiens par le biais de « Blackwater », une société américaine fondée par Erik Prince.
« Cette démarche est contraire à l’esprit comme à la lettre de l’Accord de Washington et de la Déclaration de principes de Doha. J’espère que le Rwanda ne sera pas une nouvelle fois sollicité pour faciliter le rapatriement d’un autre contingent de mercenaires », a ajouté le diplomate rwandais.
À Kinshasa, aucun communiqué officiel n’a été publié dans l’immédiat. Cependant, des sources proches du gouvernement dénoncent des propos provocateurs, estimant que Kigali cherche à détourner l’attention internationale de son propre rôle dans le soutien au M23. Plusieurs rapports de l’ONU ont en effet documenté l’implication Rwandaise dans le conflit qui ensanglante l’Est du Congo.
Cette controverse, née d’une légende énigmatique sur une photo, illustre la fragilité extrême des relations entre la RDC et le Rwanda. Chaque mot, chaque image, semble désormais transformer le terrain diplomatique en champ de bataille symbolique, où la guerre des récits se superpose à la guerre armée.
Diddy MASTAKI