Le Ministère de l'Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières a émis un communiqué officiel retentissant le 1er octobre 2025, dénonçant avec virulence la poursuite des actes criminels du groupe armé M23, qualifié de « supplétif de l'armée rwandaise » (AFC/M23), et annonçant la suspension d'une douzaine de partis politiques à travers le territoire national.
Le Vice-Premier Ministre en charge du portefeuille de l'Intérieur, Shabani Lukoo Bihango Jacquemin, a dressé un bilan accablant des exactions commises dans les territoires occupés entre le 03 et le 31 octobre 2025. Le communiqué fait état d'une multiplication des atteintes à l'autorité coutumière, de violations massives des droits humains et d'exactions contre les civils.
Les chiffres sont alarmants : Plus de 123 cas d'assassinats et d'exécutions sommaires ; Plus de 223 cas de viols ; Des centaines de cas d'enlèvements et de recrutements forcés ; Une centaine de cas de tortures corporelles, y compris sur des élèves ; Incendies de maisons, occupations illégales de résidences et de terres agricoles, et pillage.
Le Ministère signale également l'extorsion organisée des secteurs éducatif et sanitaire, ainsi que des pratiques systématiques d'épuration sociale et de déstabilisation institutionnelle.
Le communiqué met en lumière des faits spécifiques récents, dont :
- L'enlèvement et le recrutement forcé d'une centaine de jeunes à Bukavu les 14 et 28 octobre 2025, regroupés au camp Sayo avant d'être acheminés vers une destination inconnue ;
- L'assassinat d'une dizaine de personnes à Bishusha dans le territoire de Rutshuru ;
- Le bombardement des zones habitées au Nord et Sud-Kivu par la coalition M23/AFC.
Le Gouvernement Congolais insiste sur le fait que ces actions constituent une violation flagrante de l'intégrité territoriale de la RDC, des instruments internationaux sur les droits de l'homme, de la Charte des Nations-Unies, de l'Acte constitutif de l'Union Africaine, de la Résolution 2773 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, de l'Accord de paix signé à Washington (USA) entre la RDC et le Rwanda, et de la déclaration des principes signée à Doha (Qatar).
Parallèlement à la dénonciation des violences, le Ministère a également annoncé la suspension des activités de douze partis politiques sur toute l'étendue du territoire national. Cette mesure fait suite à des faits de violation des principes de consolidation de l'unité nationale, de préservation de la souveraineté de l'État et de la sécurité et de l'intégrité du territoire national.
Les partis politiques concernés sont : PPRD, LGD, Piste pour l'Emergence, AAP, UDA, MPCR, ATD, COFEDEC, PNEC, MLP, UPC et ADCP.
Conformément à l'article 5 de la loi n° 04/002 du 15 mars 2004, le Ministère de l'Intérieur a saisi le Conseil d'État en vue d'obtenir la dissolution de ces formations politiques, s'appuyant sur les articles 29, 30 et 31b de ladite loi.
Le communiqué se conclut par la réaffirmation de la détermination inébranlable du Gouvernement à restaurer l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire national. Le Ministère appelle également les partis politiques à exercer leurs activités dans le respect strict de la Constitution, des lois, de l'ordre public et des principes de démocratie pluraliste, d'unité et de souveraineté nationales.
Gloiredo Ngise