Nouvelle prorogation de l’état de siège : Un vote devenu presque routinier
Fallait-il proroger à nouveau l’état de siège afin de poursuivre la traque des rebelles sous la direction de l’administration militaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ? Les députés nationaux semblent avoir pleinement adhéré à cette formule. Pourtant celle-ci est curieusement décriée à tue-tête par les élus provinciaux des régions concernées ainsi que par les structures citoyennes locales qui parlent de « l’inefficacité » de la mesure.
Vendredi à l’assemblée nationale lors de la 24e prorogation de l’état de siège.Après un peu plus d’un an, dans plusieurs régions de l’Est et du Nord-Est du pays, notamment Beni, Rusthuru, Irumu, Djugu, Mambasa, et autres, la situation sécuritaire reste presque identique à ce qu’elle était avant l’instauration de l’état de siège dans les deux provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Mais alors que de plus en plus des voix s’élèvent pour la levée ou la révision de cette mesure que nombreuses personnes croyaient initialement salvatrice, c’est sans surprise que ce vendredi 20 mai 2022, 326 députés ont voté pour une nouvelle prorogation de l’état de siège.
Un vote qui frise la routine et qui n’engendre plus l’enthousiasme de la population victime qui préfère observer de loin le choix de ces députés qui, commente un habitant de Beni sous couvert d’anonymat, « semblent être complètement déconnectés de la réalité du terrain et qui font la sourde oreille malgré les nombreuses réclamations de leurs électeurs ».
« Mais qui peut faire entendre raison à ces élus en leur expliquant que la situation sur le terrain reste statique dans certaines zones et que dans d’autres, pire, elle se dégrade d’avantage et ce, malgré leur potion magique qu’est l’état de siège et que visiblement ils semblent être déterminés à maintenir à tout prix ? », S’interroge dans un entretien avec CONGORASSURE.CD un autre habitant à l’annonce de la nouvelle prorogation.
Manifestement, outre les députés provinciaux du Nord-Kivu et de l’Ituri, qui ont fait des déclarations répétées à ce sujet par le passé, et les « forces vives » de deux provinces qui ont également utilisé le même canal pour se faire entendre, les habitants de la région, notamment ceux de Beni, ne savent plus vers qui se tourner pour faire comprendre aux députés nationaux que le moment est venu de tenter autre chose, la mesure en vigueur ayant montré ses limites.
Par ailleurs, s’il est vrai que les groupes armés qui sèment la terreur et la désolation dans cette partie de la République sont légion, au regard du nombre des morts qui ne cesse de s’allonger, il est clair qu’il est temps que les députés s’interrogent sur les véritables résultats de la mesure qu’ils soutiennent afin de desceller les véritables faiblesses et les bloquages qui subsistent dans la pacification de Beni-Ituri.
Toutefois, les populations du Nord-Kivu et de l’Ituri peuvent pour l’instant se permettre d’espérer un tout petit peu un changement de formule d’autant plus que les autorités de Kinshasa semblent se plier progressivement à leur volonté. Car bien que les députés nationaux ont aujourd’hui prolongé pour la vingt-quatrième fois l’état de siège décrété le 6 mai 2021 dans les deux provinces, une table ronde de toutes les vérités sera convoquée dans moins de deux semaines dont l’enjeu principal sera la suppression ou la requalification de l’état de siège.