
Des usagers de la RN27 Axe Bunia-Mahagi traversent une situation compliquée pour atteindre leur destination par voiture.
Pour une distance de 180 Km où on faisait aller et retour à une journée, il faut maintenant trois (3) à quatre (4) jours pour parcourir cette route suite à la dégradation avancée pour des camionnettes. Une semaine ou plus pour des gros véhicules.
Le grand problème, c'est de traverser Djugu. Tout commence juste après Iga-barrière à 25 km de Bunia où là, un grand bourbier s’est créé, de Lopa à Jina, il y a encore trois à quatre grands bourbiers pour une distance d'un trajet de 45 km seulement, d'où il faut une demi-journée s’il y a le soleil et toute la journée après la pluie pour les voitures.
« Nous avons quitté Bunia le matin et il est 13 h, nous venons d’arriver à Jina, nous avons la chance parce qu'il n’y avait pas la pluie », témoigne un chauffeur de la voiture rencontré sur place.
Arrivé à Matete, c’est le pire, ce sont de grands bourbiers, parfois il est difficile que deux véhicules se donnent passage. De Matete à Pitso, pour une distance de 15 km, des passagers de voitures font au moins deux (2) jours, voire plus. On a un ouf de soulagement lorsqu’on atteint Pimbo pour ceux-là qui partent vers Mahagi.
Au sens contraire, le problème commence à Fataki, là on ne traverse pas si les véhicules ne sont pas dégagés à Pimbo où il faut passer nuit pour attendre. Le lendemain on atteint Pimbo, là encore il faut attendre une nuit avant de s’engager sur l’axe Pitso-Matete le temps pour que les autres sortent de ce couloir dit “de la mort”, où une fois dedans, il faut une à deux nuits encore pour atteindre Jina. Il n’y a pas d’autres mots à dire que du calvaire, mais ce n’est pas tout.
« J’ai quitté Mahagi le lundi et aujourd’hui jeudi, nous sommes arrivés à Jina mais nos véhicules sont encore bloqués avant de terminer Matete, on ne sait pas quand est-ce que nous serons libérés », témoigne un passager.
Malgré cette souffrance qu’on peut s’imaginer sur la route, les militaires exigent 1.500 FC voire 2.000FC aux chauffeurs avant de passer chaque position sur cette route, où l'on compte plus de trente-cinq (35) positions des FARDC.
« Le gouverneur militaire avait déjà interdit cette pratique, on donnait aux FARDC 1.000 FC mais depuis que la situation où la route est dégradée et la circulation n’est plus fréquente, on nous exige maintenant 1.500 à 2.000 FC, c’est regrettable pour nous » s’indigne un chauffeur de voiture.
Au côté de cela, arrivé à Pitso, une fois passés nuit dans la forêt, les hommes armés identifiés comme des miliciens CODECO viennent extorquer tous les biens des passagers et chauffeurs ; argent, téléphones sont ravis, certains sont même déshabillés et des actes de violences sont aussi déplorés.
« J’ai passé deux nuits ici, tous mes téléphones androids sont ravis, ils m’ont laissé seulement le petit en boutons (Tololilo). L’un de nous on l’a ravi plus de 1.500 $ », indique une victime.
« Les militaires quittent leurs postes à 18 h moins pour rejoindre le camp en dessous de la montagne, on nous laisse seul face à ces CODECO», ajoute un autre passager rencontré à Pimbo après avoir tout perdu.
Ces actes se passent à Pitso, les militaires qui ont un camp juste à quelques mètres au-dessus de la montagne, assure la protection de la population que la journée et rejoignent leur camp la nuit.
Certains passagers commencent même à monter aussi là-bas pour passer nuit en abandonnant les chauffeurs avec leurs véhicules. Contraire aux autres positions entre Mapela à Jina, les militaires passent nuit en vue de sécuriser les populations qui les rejoignent la nuit.
« Ici nous ne dormons pas, même le matin, il n’est pas question de laisser la population », a dit un militaire qui accueillait la population en provenance de Pitso en pied, voire les motards.
Pour rappel, la route nationale 27 (RN27) axe Bunia-Libi avait été réhabilitée par l’entreprise Maisha, à moins d’une année des travaux, cette route est presque totalement dégradée. La MONUSCO mène souvent des interventions pour couvrir certains bourbiers, mais le niveau de la situation avec la fréquentation de la route ne fait pas grand-chose.
Marcus Jean Loika