
Dans les rues de Goma, la montée des prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité est désormais une réalité quotidienne. Depuis près de deux semaines, les habitants de cette ville, déjà marqués par les effets de la guerre, font face à une flambée des prix qui déstabilise davantage leur quotidien.
Les marchés de la ville, habituellement animés, sont aujourd’hui le théâtre de discussions préoccupantes entre commerçants et clients. Des produits autrefois abordables deviennent hors de portée pour beaucoup. C’est le cas des haricots, autrefois vendus entre 1 500 et 2 500 Francs Congolais, qui atteignent désormais un prix record de 3 500 FC, soit une augmentation de plus de 1 000 FC. D’autres produits champêtres, comme les tubercules et certaines légumineuses, subissent des hausses similaires.
Un tour dans les marchés de Goma nous a permis de saisir l'ampleur de la situation. Ici, chaque étal semble illustrer une réalité partagée par plus de deux millions de personnes : l'inflation, qui touche surtout les produits alimentaires de base. Le prix des denrées qui alimentent quotidiennement les foyers est devenu un véritable fardeau pour une majorité de la population, déjà fragilisée par la guerre qui ravage le pays depuis plusieurs mois.
Les mots d'une habitante de Katindo résonnent dans l’air comme un cri d'alarme : « Actuellement, nous traversons un moment aussi dur de l'histoire de la ville de Goma. Tous les prix sur le marché ont doublé, voire triplé. Avec la vie socio-économique que nous vivons depuis la chute de la ville, nous ne savons plus comment nous en sortir. Pire encore, depuis la guerre, nous vivons sans aucune assistance humanitaire, pourtant nous n'avons pas d'activités génératrices de revenus. C'est très compliqué ».
Cette hausse généralisée des prix s'explique par plusieurs facteurs, qui sont loin d’être anodins. Selon une opératrice agricole rencontrée au marché Ki30, situé entre le quartier Majengo et le territoire de Nyiragongo, la guerre en cours est l’un des principaux moteurs de cette inflation. Les zones de ravitaillement, autrefois régulières, sont désormais sous le contrôle des groupes armés, rendant difficile l’approvisionnement de la ville en produits frais et essentiels.
« Nous sommes toujours déterminés à servir la population en produits vivriers. Le grand problème, c’est la guerre dans plusieurs zones de ravitaillement, la saison sèche et surtout la taxation qui nous est imposée. Or, on n’a pas le choix ! On ne peut pas travailler à perte », confie cette opératrice, désemparée, mais résolue à continuer son commerce malgré les difficultés.
En plus des défis sécuritaires, le climat sec qui s'installe sur le territoire, exacerbe la situation. Les récoltes deviennent plus rares, et les prix des produits agricoles connaissent une hausse brutale. La ville de Goma, qui peine déjà à maintenir un équilibre économique dans un contexte de guerre, voit ainsi ses habitants pris en étau entre les conséquences de la guerre et la flambée des prix.
Pour les habitants, cette situation est vécue comme un double fardeau. Si la guerre a déjà plongé une grande partie de la population dans la précarité, cette inflation ravive les tensions et accentue la souffrance des plus vulnérables. De nombreux Gomiens n’ont désormais plus les moyens de subvenir aux besoins les plus élémentaires.
Les autorités, à l’heure actuelle, n'ont pas encore réagi de manière significative face à cette crise. Les appels à l’aide se multiplient, et la question de l’assistance humanitaire se fait de plus en plus pressante. Dans une ville déjà en proie à une grave insécurité alimentaire, ce nouveau choc économique pourrait avoir des conséquences dramatiques si des solutions ne sont pas rapidement mises en place.
Diddy MASTAKI