Échange de Muyaya et Kamitatu sur Twitter : Une guerre des mots dont on se serait bien passé ! (Opinion)
Depuis juin dernier, Bunagana est aux mains des rebelles du mouvement du 23 mars, un groupe parrainé par les autorités rwandaises, selon Kinshasa. Cette situation, qui dure au grand dam des populations congolaises , est à l’origine de plusieurs tensions dans la capitale et même dans les quartiers généraux de plusieurs regroupements et partis politiques, notamment dans la sphère de l’Union sacrée de la Nation.
Mardi, sans surprise, les Congolais ont assisté sur la toile à une prise de bec entre deux importants cadres du regroupement au pouvoir. A l’origine de cette dispute, la situation sécuritaire au Nord-Kivu, avec le contrôle prolongé des rebelles du M23 sur la cité stratégique de Bunagana.
Si l’un des proches collaborateurs de Moïse Katumbi, Olivier Kamitatu a rappelé “qu’alors que le 23/10/2020, toutes les forces politiques et sociales ont été solennellement invitées à unir leurs efforts pour rétablir la paix là où elle est compromise et la consolider là où elle existe et que deux ans après, Bunagana est tombée et l’insécurité est à la porte de Kinshasa », Patrick Muyaya, ministre congolais de la Communication n’est pas passé par quatre Chemins pour répliquer à son tour.
« La cruelle vérité est que vous êtes le seul le 04/10/2022, contrairement à toutes les forces politiques et sociales, à ne pas dénoncer et condamner le Rwanda qui occupe Bunagana et sème la mort et la désolation. Ici, il ne s’agit pas de politique mais de la défense de la patrie », a sèchement réagi le porte-parole du gouvernement, avant que d’autres partisans des deux camps ne s’invitent à ces échanges.
La réaction d’un officiel intervient alors que quelques jours plus tôt, Olivier Kamitatu également membre de l’Union Sacrée de la Nation au même titre que Muyaya, déclarait que toutes les théories circulent sur les causes de la vague de violence qui s’étend progressivement dans le Bandundu. “Comme dans l’est du pays, le chaos s’installe partout. Une chose est claire : l’Etat est absent et les autorités sont en faillite ! Un naufrage insupportable”, a-t-il commenté avant de souligner que “de très graves incertitudes pèsent sur l’avenir du pays. D’Est en Ouest, l’insécurité progresse partout”.
Si ces échanges des mots ont attiré l’attention d’une grande partie de l’opinion, on se serait bien passé de cette prise de bec qui abaisse le niveau d’un débat public qui a besoin pour ce moment d’être focalisé sur les stratégies à adopter pour récupérer Bunagana et améliorer la vie des congolais. C’est, certes, regrettable, reste que cette énième sortie du proche collaborateur de Moïse Katumbi prouve à quel point les fissures deviennent de plus en plus évidentes dans la regroupement politique dirigé par le président de la République.
C’est pour cette raison et sans doute pour bien d’autres que les membres de la famille politique de Moïse Katumbi devraient enfin dire à l’opinion sur quels pieds ils dansent et de quel côté ils penchent. Sont-ils dedans ou dehors ? Car cela ne sert à rien d’échanger des mots durs sur la place publique alors que les victimes des assaillants locaux et étrangers continuent de se compter dans la partie Est du pays chaque jour qui passe.
On rappellera en outre à tous ceux qui sont membres de l’Union Sacrée de la Nation, qu’ils soient dans l’exécutif ou non, que ce genre de spectacles ternit l’image de ceux qui sont censés représenter l’autorité de l’État. Il n’est jamais trop tard pour “laver le linge sale en famille” ou alors, “quitter la table” quand il est encore temps, si on n’est plus satisfait, au risque de se ridiculiser et de perdre toute crédibilité aux yeux du monde.La réserve en public sur certaines questions sensibles devrait de ce fait normalement être une valeur cardinale pour éviter des dérapages.