
Célébration le 13 octobre de chaque année, de la Journée Internationale pour la Réduction des Risques et de Catastrophes(JIRRC 2025). Ses objectifs sont entre autres : de sensibiliser toute la communauté sur les risques naturels et technologiques, promouvoir une culture de la prévention et de la préparation et réduire les pertes humaines et économiques dues aux catastrophes. Cette année, cette journée est célébrée sous le thème : « financer la résilience et non les catastrophes ».
À Goma, ancien chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l'Est de la RDC, cette journée a été célébrée pour la deuxième fois par l'Université de Goma (UNIGOM) à travers son École Supérieure de Volcanologie, Gestion des Risques et des Catastrophes qui a ouvert ses portes au cours de l’année académique 2023-2024 avec comme objectif de mobiliser l’action pour une une transition urgente de la réponse réactive à l’investissement proactif en RDC.
« Les éruptions volcaniques du Nyiragongo rappellent à quel point la terre qui nous porte peut se réveiller à tout moment. Les inondations répétées, les incendies qui ravagent les villes de Goma et Bukavu, les ravinements qui défigurent les collines de Butembo et Bukavu, les crues fluviales à Kindu et Kalemie, ou encore les inondations lacustres d'Uvira, tout cela témoigne de notre vulnérabilité », souligne le Professeur Muhindo Mughanda recteur de l’UNIGOM.
Au-delà de ces catastrophes naturelles, on note également les conflits communautaires et la dégradation environnementale, les risques biologiques comme les épidémies Ebola, de choléra ou de rougeole. Face à cette accumulation de menaces, le Professeur Muhindo Mughanda pense qu'il est urgent de repenser nos modes d'action.
« Nous ne pouvons plus nous permettre d'attendre que les catastrophes frappent pour réagir. Nous devons anticiper, planifier et bâtir des systèmes résilients capables d'amortir les choses avant qu'ils ne deviennent des drames humains », a-t-il précisé.
Le recteur de l'Université de Goma reste convaincu qu’il est urgent de financer la résilience que des urgences.
« Trop souvent, nos politiques publiques et nos budgets restent orientés vers la gestion post-catastrophe : on répare les routes détruites. On reloge les sinistrés, on soigne les blessés, on signe des accords pour régler des conflits puis on dédommage les victimes des guerres. Or, si nous avions investi en amont dans la réduction des risques, dans la préparation communautaire, dans la formation, et dans la planification urbaine résiliente, beaucoup de ces pertes auraient pu être évitées. Oui, la résilience doit être financée comme une priorité nationale. Elle n'est pas un luxe, mais une condition sine qua non du développement. Car comme le rappelle ce thème mondial : si nous n'investissons pas dans la réduction des risques, ce sont les catastrophes qui réduiront nos efforts de développement », a-t-il ajouté.

Pour cette journée, différentes thématiques ont été développées comme le renforcement de la résilience communautaire à travers la Réduction des Risques de Catastrophes. A ce sujet, le Docteur Blaise Mafuko, Directeur de l’Ecole Supérieure de Volcanologie, de Gestion des Risques et des Catastrophes de l'Université de Goma a présenté les capacités de résilience qu’il a résumées en 4, anticiper ou prévenir, absorber, s’adapter et transformer.
Selon plusieurs recherches, le financement sur la réduction des risques et des catastrophes n’attire pas beaucoup l’attention dans l’élaboration des budgets dans plusieurs pays. Cependant, l’ONG Catholic Agency for Overseas Development (CAFOD), note que moins de 1% des budgets publics sont alloués à la réduction de risques de catastrophe, les pays ne sont en mesure de répondre qu'à 10 à 25% des besoins en matière de réduction de risque.
En RDC l’aperçu du financement de la réponse humanitaire est alarmant selon Yves Kahashi de CAFOD, les ressources mobilisées étant inférieures par rapport aux besoins. Par exemple en 2024, avec 25,4 millions de personnes dans le besoin sur 8,7 millions dans le besoin avec un besoin financier de 2,58 milliards de dollars, 1,37 milliard a été financé soit 53,1%.
L’année 2025 semble être catastrophique, pour 21,2 millions de personnes dans le besoin et 11 millions ciblées pour un besoin financier de 2,54 milliards dollars, seulement 396,6 millions ont été financés soit environ 15,6% à deux mois de la fin de l’année. Une situation qui pousse le Recteur de l'UNIGOM à faire un appel à toute la communauté.
« Nous devons cesser de financer l'urgence et commencer à financer la résilience. Nous devons investir dans les infrastructures durables, dans la recherche scientifique, dans la formation continue, dans la planification urbaine et environnementale, mais surtout, dans l'éducation des populations à la culture du risque. C'est à ce prix que nous pourrons bâtir une société qui ne subit plus les catastrophes. mais qui apprend à les anticiper et à s'y adapter », a-t-il renchérit.
C’est grâce à l’appui technique et financier des organisations internationales CAFOD et Actionaid que cette journée instaurée en 1989 par l'Assemblée Générale des Nations Unies a été célébrée à Goma. C’est en 2009 que l’ONU avait décidé de le célébrer chaque le 13 octobre de l’année.
Pacheco Kavundama