
Alors que le monde célèbre la Journée internationale du droit d’accès à l’information le 28 septembre, la population de l’Est de la République Démocratique du Congo continue de réclamer plus de transparence sur la gestion du conflit armé qui ravage la région. Dans un contexte marqué par les affrontements entre les FARDC, les groupes armés et les ingérences étrangères, l’accès à une information claire et fiable apparaît comme une nécessité vitale.
Pour de nombreux habitants de Goma, l’absence de communication officielle renforce les rumeurs et fragilise la confiance entre l’État et les citoyens.
« Nous vivons dans une guerre où tout circule par bouche à oreille. Quand les autorités se taisent, les rumeurs prennent le dessus et cela crée la panique. Nous avons droit à une information vérifiée, surtout sur la sécurité », déplore Jean-Baptiste Murhabazi, enseignant et militant associatif de Goma.
Les organisations de la société civile insistent surtout sur le fait que le droit d’accès à l’information doit aussi s’appliquer aux questions sécuritaires et humanitaires. Les populations déplacées, par exemple, souhaitent être régulièrement informées sur les zones sécurisées, l’assistance disponible et les décisions prises par les autorités locales. Une forme de communication quasi inexistante ou parfois limitée aux faits propagandistes des parties au conflit.
« L’accès à l’information, ce n’est pas seulement une question de démocratie, c’est une question de survie. Nos communautés doivent savoir où aller, qui les protège et comment les ressources humanitaires sont distribuées », explique un acteur de la société civile locale.
À Goma, plusieurs journalistes estiment que l’État devrait publier de manière régulière des communiqués fiables sur la situation militaire afin d’éviter la désinformation, souvent exploitée par des groupes armés ou des puissances extérieures.
Dans un conflit aussi complexe, l’information devient une arme. Si l’État ne communique pas, ce sont les réseaux sociaux qui font la loi, avec toutes les intox possibles. Le droit d’accès à l’information doit être garanti même en temps de guerre.
Entre peur et espoir
Si les Congolais de l’Est vivent dans l’incertitude, beaucoup considèrent que la promotion du droit d’accès à l’information peut renforcer la résilience et redonner confiance aux communautés meurtries. Les acteurs de la société civile appellent le gouvernement à inscrire ce droit dans les priorités nationales, même dans ce contexte de guerre.
En célébrant cette journée, les habitants de Goma rappellent que l’information n’est pas seulement un droit fondamental, mais aussi un outil de résistance et de survie face aux violences qui les entourent.
Diddy MASTAKI