
Ce qui devait être un simple travail communautaire d’assainissement s’est mué en véritable calvaire pour les habitants du territoire de Nyiragongo, au nord de la ville de Goma. Le Salongo, jadis conçu comme un geste citoyen et volontaire chaque samedi matin, est désormais dénoncé comme une « nouvelle forme d’esclavage » dans les zones sous contrôle du M23.
Dans plusieurs villages tels que Turunga ou Muja, les habitants décrivent un climat de peur et de contrainte. Ne pas participer à ce rendez-vous hebdomadaire expose désormais les hommes à des sanctions sévères : amendes exorbitantes de plus de 50 000 Francs Congolais (FC), soit bien au-delà des moyens de la majorité des familles rurales, ou encore des punitions corporelles humiliantes.
« Ici dans le territoire de Nyiragongo, le samedi devient un vrai cauchemar. Le Salongo est devenu un esclavage. Il est obligatoire d’y participer de gré ou de force. Même malade, si vous ne vous présentez pas, on vous impose une amende de 50 000 FC ou plus. Comme nous n’avons pas assez d’argent, on te fouette devant tes enfants. Ça nous fait vraiment mal », témoigne, la voix brisée, un habitant de Muja.
Cette pratique, imposée par l’administration du M23 et sa nouvelle brigade d’autodéfense locale, est perçue comme une dérive autoritaire. Les habitants dénoncent un mode de gouvernance basé sur la contrainte, loin d’un esprit de collaboration communautaire.
« Ils sont autoritaires et ne savent pas se rapprocher de la population pour une bonne collaboration », fustige un autre villageois, qui préfère garder l’anonymat pour sa sécurité.
Alors que les habitants espéraient trouver un semblant de stabilité malgré la guerre, beaucoup disent subir une violence quotidienne, « silencieuse » et difficile à dénoncer publiquement. L’obligation forcée au Salongo ne se limite plus à l’assainissement : certains témoignages évoquent des travaux pénibles d’entretien des routes ou des infrastructures imposées par les rebelles, sans compensation ni prise en compte de la situation sociale des familles.
Face à ce qu’ils qualifient de « dérive autoritaire », les habitants de Nyiragongo appellent l’administration provinciale mise en place par le M23 à les libérer de cette nouvelle forme de violence, qui s’ajoute aux multiples souffrances déjà endurées dans un contexte d’insécurité chronique.
Rédaction