La Division des crimes internationaux de la Haute Cour de Kampala a ouvert lundi un procès considéré comme l’un des plus importants de ces dernières années dans la région des Grands Lacs. À la barre : Jamil Mukulu, fondateur des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé tristement célèbre pour ses attaques meurtrières en Ouganda et surtout dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Arrêté en 2015 en Tanzanie avant d’être extradé vers Kampala, Mukulu aura passé plus de dix ans en détention préventive à la prison de haute sécurité de Luzira. Cette longue attente judiciaire prend enfin fin, alors que de nombreuses familles de victimes espèrent obtenir la vérité sur les commanditaires et les motivations derrière les atrocités imputées aux ADF.
Les ADF, autrefois mouvement rebelle Ougandais, sont aujourd’hui l’un des groupes armés les plus violents opérant en RDC, responsables d’attaques contre des civils, de massacres et d’actes terroristes. Le procès de leur fondateur pourrait fournir des éclairages nouveaux sur les structures de commandement, les réseaux de financement et les complicités éventuelles qui ont permis au groupe de se maintenir et de se réorganiser au fil des années.
Les audiences se déroulent sous très haute sécurité, dans un contexte marqué par la crainte de représailles ou d’intimidations. Elles sont aussi perçues comme une étape importante dans la lutte contre l’impunité dans une région où les violences armées ont trop souvent échappé à la justice.
Ce procès est suivi de près tant à Kampala qu’à Kinshasa, où les autorités congolaises espèrent que les révélations pourraient aider à mieux comprendre la dynamique des violences dans le Nord-Kivu et l’Ituri, où les ADF continuent de semer la terreur.
Diddy MASTAKI