
Le gouvernement Rwandais a vivement réagi à la sanction imposée par le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC) des États-Unis d'Amérique à l’encontre de James Kabarebe, ministre d’État chargé de la Coopération régionale. Dans un communiqué publié jeudi 20 février, Kigali qualifie cette décision « d’injustifiée et infondée ».
Le Rwanda estime que les sanctions ne sont pas une solution efficace aux conflits qui ravagent la partie Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis des décennies.
« Si les sanctions pouvaient résoudre le conflit en RDC, la paix aurait été rétablie depuis longtemps dans la région », affirme le communiqué.
Le gouvernement Rwandais reproche à la communauté internationale de ne pas sanctionner les autres acteurs impliqués dans les combats à sa frontière occidentale. Il cite notamment les Forces armées de la RDC (FARDC), les troupes Burundaises, le groupe armé SAMIDRC, ainsi que les combattants des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), une milice d’origine Rwandaise accusée d’actes de violence dans l’Est de la RDC. Kigali évoque également la présence de mercenaires Européens, dont 300 auraient récemment quitté la région en passant par le Rwanda pour rejoindre la Roumanie.
Le communiqué accuse le gouvernement Congolais d’être à l’origine de la persistance du conflit et critique la « passivité » de la communauté internationale face aux agissements de Kinshasa. Le Rwanda réaffirme que son seul objectif est d’assurer la sécurité de ses frontières et de mettre un terme définitif à ce qu’il qualifie de « politique d’extrémisme ethnique armé » dans la région.
Kigali rejette également toute forme d’ingérence extérieure dans la gestion du conflit et plaide pour une solution africaine.
« Les mesures punitives, y compris les sanctions, ne contribuent en rien à la paix et à la stabilité dans la région des Grands Lacs », indique le communiqué, qui met en garde contre les risques d’une interférence internationale dans le processus de médiation conduit par l’Afrique.
Le Rwanda insiste sur la nécessité de soutenir les efforts diplomatiques régionaux, notamment ceux menés par la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et l’Union Africaine. Kigali affirme son engagement total dans ces initiatives, qu’il considère comme « la seule voie crédible » vers une résolution négociée du conflit.
Cette réaction du gouvernement Rwandais intervient dans un climat de tensions croissantes entre Kigali et Washington, alors que les relations entre le Rwanda et la RDC restent extrêmement tendues. Depuis plusieurs années, Kigali et Kinshasa s’accusent mutuellement de soutenir des groupes armés déstabilisant la partie Est Congolaise.
Avec cette nouvelle sanction contre James Kabarebe, ancien chef d’état-major de l’armée Rwandaise et proche du président Paul Kagame, les relations entre les États-Unis d'Amérique et le Rwanda risquent de se détériorer davantage, tandis que la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC continue de s’aggraver.
Diddy MASTAKI