
Dans un communiqué rendu public le 04 mai, l’Union Sacrée de la Nation (USN), par la voix de son Secrétaire permanent et porte-parole, le Professeur André Mbata Mangu, a vivement réagi aux récentes déclarations du Front Commun pour le Congo (FCC), relatives aux poursuites judiciaires visant l’ancien Président Joseph Kabila Kabange.
Le communiqué du FCC, daté du 03 mai et signé par Raymond Tshibanda, Président de sa Cellule de crise, dénonçait ce qu’il considère comme une tentative politique d’intimider l’ancien chef de l’État. En réponse, l’USN accuse le FCC de manipulation, de déformation juridique et d’incohérence constitutionnelle.
« Le FCC, qui a longtemps verrouillé le système pour se garantir l’impunité, s’érige aujourd’hui en défenseur de l’État de droit. Une ironie que le peuple congolais, non amnésique, ne saurait tolérer », déclare l'USN.
L’Union Sacrée rappelle que la Constitution Congolaise ne reconnaît pas le titre de « Président honoraire », évoqué dans le communiqué du FCC. Elle estime que la loi de 2018 sur le statut des anciens animateurs des institutions, qui évoque ce terme, n’a pas de portée constitutionnelle et pourrait être invalidée par la Cour constitutionnelle.
Un débat juridique sous haute tension
Le cœur de la discorde porte sur l’interprétation des mécanismes nécessaires pour engager des poursuites contre un ancien Président. Le FCC évoque la nécessité d’un vote du Congrès à la majorité qualifiée, mais l’USN réfute cette position : « Le préalable d’une autorisation des deux tiers du Congrès n’a aucun fondement constitutionnel. C’est une barrière politique créée de toutes pièces pour freiner l’action de la justice », affirme l'USN.
Forte de sa majorité au Parlement, l’Union Sacrée soutient que le Sénat, dont Joseph Kabila est membre en tant que sénateur à vie, peut autoriser les poursuites en s’appuyant directement sur la Constitution.
Des accusations lourdes à l’encontre de Kabila
L’USN va plus loin, rappelant que l’ancien Président est soupçonné de crimes graves : haute trahison, assassinats, meurtres, viols, vols et pillages. Pour l’USN, ces accusations justifient pleinement l’ouverture de poursuites.
« Un ancien Président qui a failli à ses devoirs ne peut être élevé au rang de sage ou d’homme d’État. La République ne doit pas récompenser la trahison », insiste le communiqué.
Des tensions qui ravivent les fractures politiques
L’Union Sacrée dénonce également ce qu’elle considère comme une dérive dangereuse du FCC, qui, selon elle, flirte avec la légitimation de l’insurrection armée. Le recours à l’article 64 de la Constitution, invoqué par le FCC pour justifier un « devoir républicain » de résistance, est interprété par l’USN comme une incitation à renverser l’ordre établi un acte qualifié de « haute trahison ».
Enfin, l’USN souligne la crise interne du FCC, miné selon elle par des luttes intestines, un leadership dépassé et une incapacité à proposer une alternative crédible.
« Une organisation politique qui fonctionne depuis des années sous la direction d’une cellule de crise est elle-même devenue un facteur de crise », tacle le professeur Mbata.
Un appel à la réconciliation… sous conditions
Tout en gardant un ton offensif, l’USN termine son communiqué sur une note plus conciliante, se disant prête à accompagner le FCC vers une refondation plus nationaliste et républicaine.
« Pour la cohésion nationale, nous restons disponibles pour aider le FCC à rejoindre le bon côté de l’Histoire », conclut l’Union Sacrée.
Cet échange virulent entre deux des principales forces politiques du pays confirme l’intensification des tensions à l’approche des grands chantiers institutionnels annoncés pour 2025. Il met en lumière les profonds clivages autour de la justice transitionnelle et de la redevabilité des anciens dirigeants.
Diddy MASTAKI