Les professionnels des médias de la province de l’Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), ont annoncé lundi une grève de l'information après le meurtre d'un journaliste de la Radio Nationale.
Thierry Banga Lola, journaliste et technicien à la Radio-Télévision Nationale Congolaise (RTNC) et reporter pour le média en ligne La Voix de l’Ituri, a succombé à ses blessures lundi matin dans une clinique de Bunia. Il avait été la cible d'une attaque armée à son domicile dans la nuit de dimanche à lundi par des hommes non identifiés.
L’organisation de défense de la presse Journaliste en danger (JED) a exprimé sa "profonde indignation" et exigé l’ouverture immédiate d’une enquête "rapide, indépendante et sérieuse".
Selon l'organisation, les circonstances du drame laissent craindre un acte prémédité.
« Ce meurtre ne présente pas les caractéristiques d’un simple crime crapuleux, mais pourrait s’apparenter à une attaque ciblée liée à l’exercice du métier de journaliste », a estimé JED dans un communiqué.
Ses collègues décrivent la victime comme un professionnel "engagé et courageux", particulièrement actif dans cette région meurtrie par les violences de groupes armés depuis des années.
En signe de protestation contre l'insécurité grandissante, la corporation des journalistes de l'Ituri a décrété trois jours de deuil sans diffusion d'informations, une journée "sans radio" prévue ce jeudi sur l'ensemble de la province. Cette action vise à interpeller les autorités congolaises sur "l’impunité persistante des crimes commis contre les journalistes" en RDC, pays régulièrement pointé du doigt par les organisations internationales pour les atteintes à la liberté de la presse.
L'Ituri, province sous état de siège depuis 2021, reste l'une des zones les plus dangereuses du pays pour les civils et les professionnels de l'information, en raison de l'activisme de nombreuses milices locales et étrangères.
Joël Heri Budjo